Paysages et théorie (s) du marché - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2011

Paysages et théorie (s) du marché

Résumé

L'étude de la relation paysage - marché n'est pas aisée car elle met en perspective deux réalités difficiles à appréhender : le marché et le paysage. L'introduction du présent ouvrage a exposé une revue des approches et des définitions du paysage. Pour ce chapitre la définition retenue du paysage est assez proche de celle proposée par la convention européenne des paysages : un paysage est une portion de territoire vue par un observateur (Neuray 1982, p.23, Facchini, 1993). L'économie de marché désigne une réalité concrète et des pratiques sociales. Elle se définit pour Marx et les classiques comme capitaliste ou salariale (Frydman, 1992). Elle se définit pour l'école néoclassique de l'équilibre comme le lieu de la détermination des rapports d'échange. Elle est pour les économistes de l'école autrichienne " le système social de division du travail, avec propriété privée des moyens de production. Chacun agit pour son propre compte ; mais les actions de chacun visent à satisfaire les besoins d'autrui tout autant que la satisfaction des siens " (Mises, 1985, p.272). D'un point de vue éthique l'économie de marché renvoie à un ordre économique où le droit de propriété n'est pas remis en cause et la main d'œuvre libre (non forcée) (Stark 2007, p.93). Elle est parfois assimilée à la loi de la jungle ou à la paupérisation des classes laborieuses et fait l'objet de nombreux discours spéculatifs. Sa définition varie ainsi en fonction du point de vue que l'on adopte, autrement dit, du référent que l'économiste choisit pour l'étudier. Chaque définition du marché conduit à une analyse particulière du paysage comme territoire et comme regard sur le territoire. Les théories critiques du capitalisme comme le marxisme, le socialisme utopique, le conservatisme de droite et l'ensemble des mouvements sociaux démocrates vont développer le thème de la destruction des paysages par les excès du libéralisme. Ces approches sont portées par le discours de l'ensemble des chercheurs anti-capitalistes et par l'idéologie protectionniste ou conservatrice d'un certain nombre d'écrivains et d'artistes. Elle développe une théorie socio-économique des préférences en matière de paysage et pense le paysage actuel comme le résultat du capitalisme ou des lois du marché. Comme territoire, le paysage est le reflet du capitalisme ou des lois de l'offre et de la demande. Comme regard sur le territoire, il est la conséquence des habitus et/ou des capitaux sociaux et personnels des individus. Les théories favorables à la propriété privée et à l'économie de libre marché vont développer des théories alternatives aux théories anti-capitalistes. Le paysage reflète toujours l'ordre économique, mais désormais l'ordre de la propriété privée est perçu comme à l'origine du développement économique et de la généralisation de la demande de paysage. La propriété privée crée les conditions pour que les individus accèdent au paysage en favorisant la hausse des revenus. Elle invente aussi des paysages d'un type particulier. Le paysage comme territoire devient le reflet de la généralisation de la propriété privée. Dans cette perspective, les représentations du paysage ne sont pas seulement déterminées par les conditions économiques et sociales. Elles trouvent aussi leur origine dans les expériences et les valeurs individuelles. Ces valeurs peuvent être adoptées par imitation, mais aussi être le résultat d'innovations esthétiques ou spirituelles. L'homme n'est plus passif. Il est créateur de concepts, de valeurs morales et de paysages. A l'origine d'une représentation sociale il y une représentation individuelle partagée. On retrouve alors les lois de l'innovation et de l'imitation d'un sociologue comme Gabriel Tarde. Les goûts ne sont plus déterminés par les conditions sociales mais par les rencontres, les expériences, le hasard, le désir de nouveauté, l'insatisfaction des individus vis-à-vis de leur monde des possibles. Le paysage trouve plus son origine dans l'imaginaire que dans les conditions socio-économiques des acteurs. Ce chapitre s'organise donc autour de deux sections. La première expose une théorie critique du marché et du paysage qu'il produit et donne à percevoir. Elle montre comment la vision critique du marché conduit à désirer et à valoriser les espaces non appropriés, gratuits. La deuxième section présente a contrario la dynamique d'intégration du paysage dans le calcul économique des acteurs et montre comment les individus valorisent les espaces clos, accessibles à ceux qui ont engagé des ressources pour les consommer. Au paysage pour tous s'oppose ainsi le paysage pour les seuls clients.

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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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hal-00637001 , version 1 (28-10-2011)

Identifiants

Citer

François Facchini. Paysages et théorie (s) du marché. Walid Oueslati. Analyses économiques du paysage, éditions Quae, pp.25-47, 2011, Update Sciences & Technologies, 9782759209231. ⟨10.3917/quae.ouesl.2011.01.0025⟩. ⟨hal-00637001⟩
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