Évaluer les objets de luxe au Moyen Âge - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2015

Évaluer les objets de luxe au Moyen Âge

Résumé

La catégorie des objets de luxe est une subdivision du groupe des objets de propriété et désigne des biens rares du fait de la matière précieuse qu'ils renferment ou du fait de l'importance du travail humain qu'ils incorporent. Leur valeur peut également provenir de leur beauté, à condition toutefois que celle-ci soit liée à la préciosité du matériau et à la qualité du travail effectué sur eux. Ces objets sont, en tout état de cause, des signes de statut. Ils relèvent du superflu que, seuls l'aisance, la richesse ou le pouvoir peuvent procurer. La possession d'objets de luxe place leur détenteur à l'intérieur d'une hiérarchie : les apparences sont essentielles au Moyen Âge et la beauté, la rareté et le prix des objets possédés et exhibés, qu'il s'agisse de vêtements ou de bijoux, de chevaux ou d'armes, permet de classer et de situer sur l'échelle de la richesse et du pouvoir. M. Godelier a, voici quelques années, proposé une typologie des biens de propriété qui est tout à fait efficace pour contribuer à décrire le rapport des hommes aux objets. S'appliquant aux sociétés d'au-delà du « Grand Partage », aux sociétés dites primitives, elle est tout à fait éclairante pour notre période1. Il propose en effet de distinguer « les choses que l'on vend, celles que l'on donne, et celles qu'il ne faut ni vendre ni donner mais garder pour transmettre ». Les objets de luxe peuvent s'intégrer à l'intérieur de chacune de ces trois catégories mais la notion même de luxe permet d'introduire implicitement ou explicitement la question de la valeur comme élément essentiel de la classification des objets. Les choses que l'on vend et qui, par définition, ont une valeur se différencient des objets précieux qui, pour leur part, circulent selon une logique particulière laquelle n'est pas nécessairement marchande − mais peut l'être aussi. Les objets sacrés, pour leur part, ne doivent en aucune manière circuler sauf par le biais de la transmission héréditaire ou, simplement par leur maintien à l'intérieur d'une institution : c'est, par exemple, le statut particulier des objets constituant les trésors d'églises, inaliénables parce que détenus seulement en usufruit par les clercs2. Or, les 1 M. Godelier, Au fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l'anthropologie, Paris, 2007 , p. 67 sv. 2 La question de la propriété des biens d'église est évidemment au coeur de nombreuses réflexions d'historiens et a donné lieu à une bibliographie pléthorique. Voir, en dernier lieu : S. Wood, The Proprietary Church in the Medieval West, Oxford, 2006 et le très important commentaire critique de J. NelsonJ. Nelson, Church Properties and the Propertied Church : Donors, the Clergy and the Church in Medieval Western Europe from the Fourth Century to the Twelfth, dans English Historical Review, CXXIV,

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Identifiants

  • HAL Id : hal-02556373 , version 1

Citer

Laurent Feller. Évaluer les objets de luxe au Moyen Âge. Splendor. Artes suntuarias en la Edad Media hispánica, Oct 2015, Madrid, Espagne. p. 133-146. ⟨hal-02556373⟩
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