Volmunster (57), RN62/Bitche - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Bilan scientifique de la région Lorraine Année : 2003

Volmunster (57), RN62/Bitche

Résumé

La fouille de sauvetage de Volmunster située à une trentaine de kilomètres à l'est de Sarreguemines a permis de mettre au jour une enceinte qui s'inscrit dans la liste des nombreux sites de hauteur de type éperon barré du nord-est de la France. La zone fouillée est située sur le tracé d'une nouvelle route à 2 x 2 voies, liaison entre Sarreguemines et Bitche. Le site occupe l’amorce d’un “replat” à environ 320 m d'altitude, il est limité vers le nord-ouest et le sud-est par de profonds vallons secs, constituant un éperon naturel ouvert vers le sommet du plateau. La surface décapée représente 2 666 m2 où se répartissent deux bâtiments, de rares fosses, et un grand fossé et un plus petit (voir fig.). Le premier édifice rectangulaire construit sur poteaux mesure 8 m de long et 6 m de large. Le second de plan carré est à 4 poteaux et mesure 4 mètres de côté. Aucun mobilier archéologique n'a été trouvé dans les poteaux. Une fosse ovalaire, dans le premier bâtiment n'a livré aucun mobilier archéologique. Elle pourrait s'apparenter aux fosses utilitaires (stockage) en s'opposant par sa morphologie aux silos et aux fosses d'extraction (Buchenschutz, 1984). Comme c'est généralement le cas sur les sites de hauteur de l'âge du Fer, l'enceinte de Volmunster s'appuie sur des éléments naturels de défense : le tracé du rempart barre un éperon, la fortification se limitant aux points qui ne sont pas défendus naturellement. Un talus et un fossé constituent l'élément central de l'enceinte. Aucune porte n'a été décelée dans les profils stratigraphiques. La technologie de construction du rempart reste difficile à définir car aucun poteau formant une palissade n'a été découvert. Le fossé ininterrompu (sur la surface décapée) et repéré sur une longueur d'environ 96 mètres au profil en "V" dessine un enclos ouvert. Il mesure en moyenne 2,50 m de large et il est conservé sur 0,85 m de profondeur. Il a été fait appel à la micromorphologie afin de préciser la nature des matériaux et la dynamique sédimentaire dans le remplissage du fossé. L’analyse micromorphologique (C. Cammas/A.F.A.N.) a permis d’identifier sept épisodes pédo-sédimentaires dans le remplissage du fossé démontrant une succession de creusements et de brèves étapes laissant le fossé ouvert à l'air libre. Seul le fossé a livré du mobilier archéologique très homogène : de la céramique, un fragment de bracelet en pâte de verre, une meule pivotante sont datables de La Tène D1. L'étude céramique (S. Deffressigne/A.F.A.N.) a mis en évidence plusieurs vases présentant des caramels alimentaires, utilisés pour cuire les aliments, certains destinés à les préparer, d'autres consacrés au stockage des denrées. Certaines céramiques fines et très soignées appartiennent à de la vaisselle de présentation. L'étude de la faune (G. Auxiette/A.F.A.N.) montre quelques indices de préparation bouchère sous la forme de coups de couperet pour la désarticulation du membre antérieur de boeuf et sa décarnisation à l'aide d'une lame de couteau. Les caractéristiques de la faune tendent à montrer que le fossé dans sa phase terminale de fonctionnement a servi de piège plutôt que d'une véritable poubelle liée à des activités domestiques. Le tamisage et les tris de refus de tamis ont montré l'absence de battiture conduisant à montrer qu'aucune activité artisanale n'a eu lieu à proximité du fossé. Pourtant, la présence de rejets domestiques montre la proximité d'un habitat, suggérant la contemporanéité des rejets du fossé avec les bâtiments. Une importante série d'enceintes ont été recensés en Lorraine, région de cuestas permettant l'installation d'éperons barrés perchés, d'enceintes de contour (fortifications La Tène D1 du rempart de Metz (Faye et alii 1990), Sion (Legendre 1984), oppidum de la “Pierre d’Appel” dans les Vosges (Deyber 1972), Montcel, Etival, Camp de la Bure à Saint-Dié…). C'est surtout pendant tout l'âge du Fer qu'ils ont connu leur développement, accompagnés de constructions sur poteaux (grenier à 4 poteaux, 6 poteaux et bâtiment jusqu'à 60 m2) associées à des fosses de formes et de tailles variées (silos, fosses de stockage). Au cours des sondages, un petit hochet a été mis au jour dans une tranchée située au nord-ouest de l'enceinte. Ce type d’objet est très rare : un seul objet similaire a été trouvé en Allemagne en contexte funéraire datable de La Tène D, permettant de penser que la zone autour de cet éperon est extrêmement sensible archéologiquement.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02897065 , version 1 (11-07-2020)

Licence

Copyright (Tous droits réservés)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02897065 , version 1

Citer

Véronique Brunet. Volmunster (57), RN62/Bitche. Bilan scientifique de la région Lorraine, 2003, Bilan scientifique de la région Lorraine 1999. ⟨hal-02897065⟩
44 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More