Comment reconstruire la préhistoire des mythes ? Applications d’outils phylogénétiques à une tradition orale.
Résumé
Comparing myths to living organisms that are born, live and die, is not new. Like natural organisms, myths evolve through descent with modification. What is new is the statistical framework of analysis of this type of narratives - and more precisely of their different versions - using algorithms usually used by biologists. Our results show that beyond the multiple forms certain myths can take, their diversity is geographically structured, with an organisation that can be linked to past migrations, some of which dating back to the Stone Age. Furthermore, we can measure the amount of borrowing that intervened in each myth’s re-elaboration, which appears to be lower than expected. Such a statistical framework of analysis also allows the reconstruction, for each family of myths, of their putative ancestral form, which can sometimes be dated back to the Upper Paleolitic.
Comparer les mythes à des êtres vivants, qui naissent, vivent et meurent, n’est pas chose nouvelle. Comme les êtres vivants, les mythes évoluent en effet par descendance modifiée. Ce qui est nouveau, c’est l’approche statistique de ce type de récits, en s’appuyant sur de nombreuses versions et en leur appliquant des algorithmes d’ordinaire réservés aux biologistes. Nos résultats montrent que l’on peut retrouver, derrière les multiples formes de certains mythes, une organisation géographiquement cohérente, témoignage d’anciennes migrations, pour certaines paléolithiques. De plus, il est maintenant possible de mesurer la part jouée par les emprunts dans l’élaboration de chaque version : elle s’avère bien plus faible que prévu. Une approche statistique permet enfin de reconstruire, pour chaque famille de mythes, leur plus ancienne version, et celle-ci peut parfois remonter au Paléolithique supérieur.