De la maison à la ville dans l'orient ancien : bâtiments publics et lieux de pouvoir - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2015

De la maison à la ville dans l'orient ancien : bâtiments publics et lieux de pouvoir

Cécile Michel

Résumé

D’après Jean Margueron (1982), le IVème millénaire voit l’épanouissement de bâtiments monumentaux bâtis sur un plan tripartite (salle longue et deux bas-côtés équilibrés, ainsi qu’un étage) et pourvus d’un décor très élaboré, dont on a pensé dans un premier temps qu’il s’agissait de temples mais qui seraient plutôt dépendant d’un pouvoir royal. De nouvelles formes architecturales apparaissent dans les villes du IIIème millénaire et on distingue plus facilement la maison de roi de la « maison du dieu ». À l’origine, le palais est considéré comme une « grande maison », ainsi que le définissent les Sumériens : é-gal, où habite le roi, lui-même un « grand homme », lugal. Dès le IIIe millénaire, le terme ne désigne plus seulement le bâtiment, qui a acquis ses propres caractéristiques, mais également par extension le domaine royal. Lieu de pouvoir, le palais conserve toutefois sa première fonction de lieu d’habitation pour le roi et sa famille. Les participants au Séminaire d’Histoire et Archéologie des Mondes Orientaux (2013) ont abordé divers complexes palatiaux du Proche-Orient, datés du IIIème au Ier millénaire av. J.-C. Les archéologues se sont attachés à donner une définition au terme « palais ». Pierre de Miroschedji a sélectionné cinq critères qui doivent, ensemble, définir ces grands bâtiments séculiers : le caractère monumental de leurs dimensions, leur emplacement particulier dans la ville, leur plan, conçu à l’avance comme un centre de gestion politique et économique et leur construction soignée ayant mobilisé une importante main-d’oeuvre. Martin Sauvage confirme ce dernier point en mesurant, à partir des données archéologiques et épigraphiques, l’investissement en moyens humains et matériel pour la construction des édifices publics à Garšana à la fin du IIIe millénaire. Quelques variantes doivent être apportées à ces définitions selon la zone géographique considérée. Berengère Perello montre qu’au Bronze Ancien, en Anatolie occidentale, l’appellation « architecture de prestige » est préférable à « palais » pour l’architecture monumentale, dans la mesure où le plan utilisé n’est que la version agrandie de celui de l’architecture domestique. Laura Battini discute de la nature du bâtiment officiel de Nuzi (XIVe siècle), qui relève bien de la catégorie des palais, tout en présentant des particularismes sans doute en partie dus à une tradition mittanienne. Ce palais recelait plusieurs centaines de tablettes. Philippe Abrahami, à partir de cette masse documentaire, propose une reconstitution de la gestion administrative de ce centre provincial. Une telle étude n’est pas possible pour les palais de Kaneš qui n’ont pas livré d’archives (Cécile Michel, XIXe-XVIIIe siècles) : rares sont les tablettes exhumées dans le palais de Waršama. En revanche, les milliers de tablettes découvertes dans les maisons des Assyriens de la ville basse documentent indirectement le palais anatolien, comme un centre de pouvoir économique et politique. Marcelo Rede, qui analyse la nature du pouvoir exercé à Mari à partir des archives mises au jour dans le palais (XVIIIe), construit un nouveau modèle, celui du « palais bédouin ». Les différentes phases d’un palais – construction, destruction, rénovation – sont traitées par Laura Cousin à propos du palais de Babylone du Ier millénaire, et le rapport entre architecture palatiale et bas-reliefs dans les palais assyriens du Ier millénaire, est analysé par Nicolas Gillmann. Celui-ci relève « un jeu de miroir » entre d’une part les bas-reliefs qui dépeint le pouvoir royal, et d’autre part le bâtiment qui abrite ce pouvoir et met en scène les bas-reliefs. Le temple, de même que le palais, est désigné par le mot é, « maison » (du dieu). Ces édifices religieux sont abordés à travers le temple de lugal.dingir.kalam à Mari. Selon Pascal Butterlin, il s’agit d’un grand ensemble religieux à deux temples datant de la seconde moitié du IIIème millénaire, et dont le temple bas était intégré dans la terrasse-sanctuaire. Il recelait une cachette remplie de statuettes, dont quatre sont inscrites, dévoilant le nom du dieu LUGAL DINGIR KALAM. Ces inscriptions, ainsi que la quarantaine d’autres inscriptions lapidaires découvertes dans les temples et le palais de Mari sont analysées par Camille Lecompte. Ces inscriptions, essentiellement votives, dévoilent les noms des intendants et des membres de l’entourage royal : elles permettent de compléter nos connaissances sur l’organisation du palais de Mari à l’époque présargonique.

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  • HAL Id : halshs-01186393 , version 1

Citer

Cécile Michel (Dir.). De la maison à la ville dans l'orient ancien : bâtiments publics et lieux de pouvoir. Archéologies et Sciences de l'Antiquité, XII, pp.148, 2015, Cahiers des thèmes transversaux d’ArScAn, F. Joannès, ISSN 1953-5120. ⟨halshs-01186393⟩
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