De la maison à la ville dans l'Orient ancien : la maison et son mobilier - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2015

De la maison à la ville dans l'Orient ancien : la maison et son mobilier

Cécile Michel

Résumé

Le dossier qui suit regroupe les contributions au Séminaire d’Histoire et d’Archéologie des Mondes Orientaux (SHAMO), sur « La maison et son mobilier », thématique choisie pour l’année 2013. Elles couvrent, sur près de trois millénaires, une vaste zone géographique, de la Transtigrine (Nuzi) à l’Anatolie et à l’Égypte. Les maisons privées y sont analysées sous de multiples aspects – construction, organisation, contenu – à partir de sources archéologiques et textuelles. La maison est définie comme un bâtiment de taille variable, destiné à l’habitation d’une ou plusieurs familles. Elle se distingue d’un bâtiment officiel par sa taille – même si certaines maisons privées sont très grandes –, par sa position topographique, parfois par son plan – même si la différence entre maison luxueuse et palais (« grande maison ») ne va pas de soi –, et par son mobilier. Les données sur les maisons sont de natures diverses. L’archéologie documente leur construction et les matériaux utilisés à cet égard : briques d’argile pour les murs, bois pour le toit, l’escalier, les meubles, roseaux pour les plafonds, etc. Cependant, bois et roseaux sont rarement conservés sur les sites du Proche-Orient ancien. Les études architecturales permettent de reconstituer les plans des maisons, ainsi que leur organisation interne avec le système de circulation et l’éclairage des pièces. Le plan d’une maison n’est pourtant pas figé et évolue en fonction des achats et des successions : des portes sont ouvertes ou condamnées, des murs sont montés ou abattus. Les données textuelles fournissent des informations complémentaires. Le Code de Hammurabi réglemente le travail du maçon. Les contrats d’achat de propriétés immobilières, transmis au nouvel acquéreur en guise de titre de propriété, précisent parfois la localisation du bâtiment et la taille de la maison, indice du statut social de son propriétaire. Cependant, dans les textes, la maison, bītum, ne se résume pas au seul bâtiment qui abrite la famille, bien à valeur économique transmis, vendu ou loué, mais elle représente également ses habitants, la maisonnée (couple, enfants, domestiques) et les activités qui y prennent place. La maison abrite aussi parfois des constructions religieuses, comme des autels et des tombes des ancêtres creusées sous le sol de certaines pièces et sur lesquelles les descendants pratiquent un culte spécifique. La comparaison entre les maisons mésopotamiennes et égyptiennes s’avère particulièrement intéressante dans la mesure où les deux civilisations ont utilisé la brique crue comme matériau de construction. Dans les deux cas, les maisons privées ont une surface qui va de quelques dizaines de mètres carrés à plus de 500 m2, et les contrats successifs sont transmis au nouveau propriétaire. En Mésopotamie, les fouilles proposent des maisons beaucoup plus vastes que celles recensées dans les textes car ces derniers, tout au moins à Larsa, ne tiennent compte que de la surface intérieure des pièces. On notera que dans certains textes de Nuzi, la dimension de la maison est donnée de manière originale par son périmètre. Dans ce dossier, le terme mobilier a été compris au sens le plus large, tel que le définissent les archéologues, et comprend tout ce que l’on trouve à l’intérieur d’une maison, fixe ou non. Les données sur le contenu des maisons sont également assez différentes selon les sources analysées. Le mobilier courant des maisons mésopotamiennes, pris au sens strict de meubles, comporte assez peu d’éléments pour des raisons essentielles de mode de vie. Les meubles élaborés, faits de bois et décorés, semblent plutôt réservés à une élite, tandis que les maisonnées ordinaires se contentent de nattes, paniers et coffres en roseaux tressés, ainsi que de banquettes, podiums, niches et récipients d’argile. Les textiles d’ameublement devaient être présents dans toutes les demeures. Les éléments de mobilier en matériaux périssables n’ayant pas résisté au temps, ceux-ci sont rares dans les rapports de fouilles ; l’iconographie ainsi que des modèles réduits en terre cuite permettent toutefois de se faire une idée des formes et de l’aspect de certains d’entre eux. Les fouilles des maisons ont principalement mis au jour de la céramique. Les données proposées par les textes sont de nature très différente. En effet, ceux-ci n’enregistrent que les biens de valeur, objets en métal ou textiles d’ameublement, voire quelques meubles en bois. En outre, les descriptions concernent prioritairement le mobilier des palais et des grandes demeures, mais offrent moins de détails sur l’agencement interne des maisons de simples particuliers. Nous disposons cependant de longues listes lexicales qui enregistrent, selon leurs matériaux – argile, bois, roseaux, métaux, pierres –, l’ensemble des objets manufacturés, parmi lesquels figurent le mobilier (Hh. IV et VI objets en bois, VIII-IX objets en roseaux, X objets en argile, XI objets en cuivre et XII autres métaux, XIX textiles). Des inventaires de mobiliers à l’occasion de successions ou formant les dots des filles qui se marient complètent les sources disponibles. Reconstituer le mobilier du quotidien nécessite donc de mener une enquête minutieuse à partir des vestiges archéologiques, des sources iconographiques et des données textuelles ; les études qui prennent en compte tous ces éléments sont encore rares.

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Identifiants

  • HAL Id : halshs-01186395 , version 1

Citer

Cécile Michel (Dir.). De la maison à la ville dans l'Orient ancien : la maison et son mobilier. Archéologies et Sciences de l'Antiquité, XII, pp.157, 2015, Cahier des Thèmes transversaux ArScAn, F. Joannès, ISSN 1953-5120. ⟨halshs-01186395⟩
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