Pleurer comme un homme à la fin de la République romaine, ou comment construire l’autorité par les larmes - Mètis. Anthropologie des mondes grecs et romains Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens Année : 2014

Pleurer comme un homme à la fin de la République romaine, ou comment construire l’autorité par les larmes

Résumé

Numerous works about the end of the Republic show that men cried frequently and that it was a controlled practice. Most of the time, men’s tears were tears of pleading, that is, a voluntary gesture of humiliation, meant to reinforce the authority of the one to whom the tears were addressed, and who never cried. Nevertheless, there were exceptions to this model: our sources passed on to us some cases of magistrates crying in front of citizens who were supposed to obey them. The magistrate cried in a military context to persuade the soldiers either to initiate or abandon a revolt. Furthermore, tears were an integral part of speeches, conceived as performances. They served to increase the efficiency of the verbal part of the speech, to bring about a reversal of the soldiers’ opinion. In this way, tears contributed to the restoration of the authority of the magistrate, by demonstrating his capacity to use a type of language usually perceived as incompatible with the exercise of authority.
De nombreuses sources sur la fin de la République montrent que les hommes pleuraient fréquemment et qu’il s’agissait d’une pratique encadrée. Les larmes des hommes étaient le plus souvent de larmes de supplication, c’est-à-dire un geste de dégradation volontaire, servant à construire l’autorité de celui à qui elles étaient adressées et qui ne pleurait jamais. Mais nos sources nous ont également transmis quelques cas de magistrats pleurant afin de rétablir leur autorité sur des citoyens qui devaient en principe leur obéir. Le magistrat pleurait dans un contexte militaire, afin de persuader les soldats soit de s’engager dans une sédition, soit d’y renoncer. De plus, les larmes s’intégraient à un discours, conçu comme une performance. Elles venaient accroître l’efficacité de la partie verbalisée du discours, afin d’opérer un retournement de l’opinion des soldats. Les larmes contribuaient ainsi à restaurer l’autorité du magistrat, en démontrant sa capacité à user un type de langage perçu ordinairement comme incompatible avec l’exercice d’une autorité.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-02100288 , version 1 (15-04-2019)

Identifiants

Citer

Philippe Akar. Pleurer comme un homme à la fin de la République romaine, ou comment construire l’autorité par les larmes. Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens, 2014, N.S.12, pp.325-352. ⟨10.4000/books.editionsehess.3264⟩. ⟨halshs-02100288⟩
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