Les circulations méditerranéennes de Jean Brunhes (1894-1900) et l'enjeu colonial de l'irrigation dans les régions arides
Résumé
En 1902, le géographe Jean Brunhes soutient une thèse sur "L’irrigation, ses conditions géographiques, ses modes et son organisation dans la Péninsule ibérique et dans l’Afrique du Nord". Ce travail académique repose sur un ensemble de missions scientifiques de plusieurs mois, réalisées en Espagne, Algérie, Tunisie et Egypte, sous les auspices du ministère de l’instruction publique français, entre 1894-95 et 1900. L’espace embrassé ne semble relever ni d’une logique strictement coloniale (études sur l’Espagne), ni d’une logique impériale strictement française (études sur l’Egypte). Pourtant, dans la 7e série de l’Institut Colonial International, Brunhes publie en 1908 des matériaux inédits sur les règlements concernant le régime des eaux dans la péninsule ibérique où il affirme avoir été envoyé par le gouvernement français dès 1894, dans la mesure où il s’agissait d’analyser des différentes formes d’organisation sociale et juridique de sociétés hydrauliques « dans des steppes semblables aux steppes de l’Algérie » (1906-1908, tome 3, p. 14-15). La communication proposera ainsi de mettre au jour le contexte politique et institutionnel de ces missions, les pratiques de terrain (pratiques photographiques, réseaux locaux mobilisés, etc…), et plus globalement l’espace des savoirs à la fois transimpérial et international, dans lequel J. Brunhes interroge l’enjeu colonial de l’irrigation dans les régions arides.