Résumé : Alors que la notion de prestige est d’ordinaire liée à la seule aristocratie, cette étude insiste d’abord sur l’universalité de la mentalité agonistique dans la Grèce ancienne. De ce point de vue, il existe aussi bien des modes de reconnaissance sociale, qui permettent aux individus de se situer dans la hiérarchie communautaire, que des comportements civiques, propres aux citoyens et attendus des citoyens, qui tantôt signalaient l’appartenance de son auteur au corps civique, tantôt pouvaient permettre à celui-ci de prétendre à son incorporation au sein de la communauté citoyenne. Si la définition d’une citoyenneté juridique ou institutionnelle renvoie à la pensée politique antique et à l’historiographie allemande de la fin du xixe siècle, celle-ci peut également bénéficier, pour la Grèce archaïque, d’une approche comportementale où les modes de vie constituent des modèles. L’agôn crée donc la cité en délimitant les contours de la communauté civique, autant qu’il fixe les divers niveaux de prestige social et politique auxquels accèdent les individus en fonction de leurs comportements.