Un évêque cistercien du XIIe siècle face à la mort. Le « testament » d’Alain de Flandre, moine de Clairvaux, abbé de Larrivour et évêque d’Auxerre (1182) - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2019

A cistercian bishop face to death in the XIIth Century. The will of Alain of Flanders, monk of Clairvaux, abbot of Larrivour and bishop of Auxerre.

Un évêque cistercien du XIIe siècle face à la mort. Le « testament » d’Alain de Flandre, moine de Clairvaux, abbé de Larrivour et évêque d’Auxerre (1182)

Résumé

The abbey of Larrivour (France, Aube), thirtieth daughter of Clairvaux Abbey, is founded in the diocese of Troyes, under the title of Notre-Dame, 9 April 1140 by a colony led by Alain of Flanders. Nothing remains of the buildings of the monastery, sold as national heritage between February 1792 and February 1793, with the exception of an exceptional charter collection and a cartulary, composed c. 1220-30, entered into the Archives départementales de l’Aube during the french revolutionary confiscations (subseries 4H). Inside this archival fonds is a document of great interest, the will that Alain dictated in 1182 to his successor Hardouin, abbot of Larrivour (1152-89). Master of the School of Lille "captured" by Saint Bernard, Alain of Flanders enters in Clairvaux Abbey in 1131. First abbot of Larrivour, he is recommended by St.Bernard to Pope Eugene III and Louis VII, King of France, for the Episcopal See of Auxerre on which he is elected on 30 November 1152. He resigned his office in 1167 and then stayed between Larrivour and Clairvaux, writing the Vita secunda sancti Bernardi. Aged about 75, Alain dictated his last wishes to the scriptorium of Larrivour, under the seal of Hardouin (1152-1189), and his own proper seal. He gave to the community of Larrivour a set of goods, including lands and vineyards resting on two barns of the abbey, as well as seven chalices and the whole of his library, in exchange for masses and prayers in the year after his death and for the foundation of the anniversary of his dead in Larrivour. He died on 14 October 1185-86 and, according to his will, also expressed in this document, is buried in the abbey of Clairvaux, in front of the altar of all the saints, to the right of Geoffroi de la Roche-Vanneau. Edited by the Gallia christiana nova (XII, c.136), as well as by Latin Patrology (t. CCI, c.1389-1392), but never studied, the will of Alain of Flanders raises several questions around the same problematic, that of the status preserved at the end of his life by this Cistercian monk and former regular and secular prelate, in relation to canon law and the statutes of the Order of Cîteaux: what are the nature and origin of the goods bequeathed by Alain to his former abbey, in apparent contradiction with the vow of poverty and chapter 33 of the Rule? What legal capacity does Alain retain within the Cistercian community, after his renunciation to the Episcopal See of Auxerre, which allows him to seal few acts with his personal ring? Thanks to the documentation, largely unpublished, provided by the cartulary and the charter collection of Larrivour Abbey, we propose to answer these questions by studying this will, in its form and in its contents and with regard to the few known acts of Larrivour of the period 1167-85/6 issued by Alain or in which he is quoted as a party, surety or witness.
L’abbaye de Larrivour (France, Aube), trentième fille de Clairvaux, est fondée au diocèse de Troyes, sous le vocable de Notre-Dame, le 9 avril 1140 par une colonie conduite par Alain de Flandre. Il ne subsiste quasiment rien des bâtiments du monastère, vendus comme biens nationaux entre février 1792 et février 1793, à l’exception d’un chartrier d’une exceptionnelle richesse et de son cartulaire, composé vers 1220-1230, entrés dans les collections des Archives départementales de l’Aube à l’occasion des saisies révolutionnaires (sous-série 4H). À l’intérieur de ce chartrier figure un document de grand intérêt, le testament qu’Alain dicte en 1182 à son successeur Hardouin, abbé de Larrivour (1152-1189). Écolâtre de Lille « capturé » par saint Bernard, Alain de Flandre entre à Clairvaux en 1131. Premier abbé de Larrivour, il est recommandé par saint Bernard au pape Eugène III et à Louis VII, roi de France, pour le siège épiscopal d’Auxerre sur lequel il est élu le 30 novembre 1152. Il résigne sa charge en 1167 et séjourne alors entre Larrivour et Clairvaux, rédigeant la Vita secunda sancti Bernardi. Âgé sans doute d’environ 75 ans et sentant sa fin prochaine, Alain fait mettre en forme ses dernières volontés par le scriptorium de Larrivour, sous le sceau de Hardouin (1152-1189), et le sien propre. Il y cède à la communauté de Larrivour un ensemble de biens fonciers, notamment des terres et des vignes reposant sur deux granges de l’abbaye, ainsi que sept calices et l’ensemble de sa bibliothèque, en échange de messes et de prières dans l’année qui suivra son décès et de la fondation de son anniversaire à Larrivour. Il meurt le 14 octobre 1185 ou 1186 et, selon sa volonté, également exprimée dans ce document, est inhumé dans l’abbatiale de Clairvaux, devant l’autel de tous les saints, à la droite de Geoffroi de la Roche-Vanneau. Édité dans la Gallia christiana nova (t. XII, c. 136), ainsi que dans la Patrologie latine (t. CCI, c. 1389-1392), mais jamais étudié, le testament d’Alain de Flandre soulève plusieurs questions autour d’une même problématique, celle du statut conservé au seuil de sa vie par ce personnage de l’Église, moine cistercien, prélat régulier puis séculier, au regard, notamment, du droit canon et des statuts de l’ordre de Cîteaux : quelles sont la nature et l’origine des biens légués par Alain à son ancienne abbaye, en apparente contradiction avec le vœu de pauvreté et le chapitre 33 de la Règle ? Quelle capacité juridique conserve Alain au sein de la communauté cistercienne, postérieurement à sa renonciation au siège d’Auxerre, qui lui permet de pouvoir valider des actes au moyen de son anneau personnel ? Grâce à la documentation, en grande partie inédite, fournie par le cartulaire et le chartrier de l’abbaye de Larrivour, nous nous proposons de répondre à ces questions en étudiant ce testament, dans sa forme et dans son contenu et au regard des quelques actes connus de Larrivour de la période 1167-1185/6 délivrés par Alain ou dans lesquels il est cité comme partie, caution ou témoin.

Domaines

Histoire
Fichier principal
Vignette du fichier
SEPARATA H2_Arnaud Baudin.pdf (1.41 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Accord explicite pour ce dépôt

Dates et versions

hal-03704701 , version 1 (30-06-2022)

Licence

Copyright (Tous droits réservés)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03704701 , version 1

Citer

Arnaud Baudin. Un évêque cistercien du XIIe siècle face à la mort. Le « testament » d’Alain de Flandre, moine de Clairvaux, abbé de Larrivour et évêque d’Auxerre (1182). José Albuquerque Carreiras, Antonio Valério Maduro e Rui Rasquilho. Cister. II Congresso internacional mosteiros cistercienses (Alcobaça, 6-8 juillet 2018),, t. 2 : História, Associação dos Amigos do Mosteiro de Alcobaça, p. 33-51, 2019. ⟨hal-03704701⟩
84 Consultations
84 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More