« Des esclaves entendus de leurs maîtres » ? L'origine de l'inégalité dans quelques théories économiques contemporaines
Abstract
Depuis ses premières formulations jusqu’à ses développements les plus récents, la théorie économique s’interroge sur les inégalités. Souvent soupçonnés d’être, sinon les zélateurs d’une inégalité nécessaire à l’accumulation et à la croissance, du moins ses observateurs résignés, les économistes pourtant ont consacré une grande partie de leurs travaux à identifier et mesurer les inégalités, à établir leur origine, à proposer des moyens de les réduire voire de les supprimer. Dans leur grande majorité, les économistes sont des hérauts de l’égalité. Comment cette exigence s’accommode-t-elle des inégalités que le développement économique n’a su réduire et a parfois même accrues ? On assiste depuis la fin du XIXe siècle au développement d’une pensée économique qui porte toujours plus haut l’objectif d’égalité mais naturalise l’inégalité en ce sens très particulier qu’elle y est le résultat des aléas de la nature ou des déterminismes sociaux qui nous font naître et vivre bien ou mal dotés. Paradoxalement, les représentations de l’origine de l’inégalité dans les théories économiques contemporaines conjuguent les exigences les plus rigoureuses dans la définition de l’égalité avec l’aveuglement le plus obstiné sur la relation entre inégalités économiques et organisation sociale. C’est ce paradoxe, qui nourrit l’impuissance des critiques adressées au libéralisme, que l’on se propose ici d’exposer.
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Humanities and Social Sciences
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