La Grande Guerre et la recomposition des sociétés occidentales
Abstract
La Grande Guerre fut cruciale pour les États. La Révolution russe a détruit un État délégitimé par son incapacité à nourrir la population et à donner aux soldats les moyens de survivre et de se battre efficacement ; elle a donné comme objectif au mouvement ouvrier, marqué souvent par l’anarchisme, la conquête de l’État, la Révolution. Mais elle a en même temps légitimé aussi le réformisme : en Angleterre comme en France et en Italie, les contacts entre partis socialistes et syndicats ont abouti à des programmes réformistes. L’État n’est plus seulement le bras armé du capitaliste ; c’est aussi un arbitre, et comme il s’est montré capable de diriger l’économie de guerre, il lui revient de définir l’intérêt général. L’État-providence qui se réalise après la Seconde Guerre mondiale est un héritage de la Première. Enfin, en France, 1914 a marqué le début d’une inflation qui a structuré tout le court xxe siècle, et a paradoxalement pris fin sous un gouvernement socialiste en 1983-1984, après avoir profondément modifié les structures de la bourgeoisie et de toute la société.