L'invention de la noblesse en Haute-Allemagne à la fin du Moyen Âge. Contribution à l'étude de la sociogenèse de la noblesse médiévale - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2000

L'invention de la noblesse en Haute-Allemagne à la fin du Moyen Âge. Contribution à l'étude de la sociogenèse de la noblesse médiévale

Résumé

« Noblesse » (‘Adel' en allemand) fait partie de ces termes familiers qui nous viennent du Moyen Âge mais dont les médiévistes font usage de façon à peu près automatique dès qu'ils se trouvent en présence d'un groupe d'individus occupant, de façon plus ou moins monopolistique, des fonctions politiques et/ou militaires dans un appareil d'État, si rudimentaire soit-il. C'est cet effet par lequel le groupe se donne et est crédité d'une apparence quasiment naturelle que cet article entreprend de déconstruire. La démarche consiste à examiner tout d'abord l'évolution des rapports construits par les sources entre les catégories « les nobles » et « la noblesse » puis, au vu des surprenants résultats de l'analyse lexicale, à examiner de la même manière les variations au sein de divers systèmes sémiotiques construisant les identités sociales (anthroponymie, sigillographie, héraldique, iconographie), enfin à tenter d'articuler le tout avec l'évolution des divers rapports sociaux dans lesquels étaient engagés les aristocrates étudiés. Tout se passe donc comme si durant le deuxième tiers du XVe siècle s'était mis en place un discours nouveau, construisant un groupe aristocratique nommé ‘adel' dans lequel les nobles de tout rang, indépendamment de leur identité de naissance, se trouveraient côte-à-côte, unis plus ou moins directement par des liens matrimoniaux (valorisés notamment par les femmes mais aussi sur les tombeaux nobiliaires) et par une même pratique du tournoi. Apparemment, la sociogenèse du groupe nommé ‘adel' passerait aussi par le relatif effacement discursif des manifestations de l'appartenance au « lignage » (‘geschlecht'), comme si ces deux formes d'appartenance renvoyaient à des dimensions distinctes de l'espace social. Il s'avère en tout cas indispensable d'historiser ces catégories, au lieu de les employer de façon descriptive, comme si elles appartenaient au paysage naturel de l'aristocratie. Sans cela, l'historien qui reprend ces catégories de discours comme s'il s'agissait d'objets naturels, appose un sceau de scientificité sur ces mythes sociaux, contribuant par là même à la poursuite de leur efficacité. C'est cette efficacité sociale des discours et représentations qu'entend montrer le présent texte, tout comme la nécessité de distinguer soigneusement entre les taxinomies indigènes et nos propres catégories d'analyse.
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halshs-00290037 , version 1 (24-06-2008)

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  • HAL Id : halshs-00290037 , version 1

Citer

Joseph Morsel. L'invention de la noblesse en Haute-Allemagne à la fin du Moyen Âge. Contribution à l'étude de la sociogenèse de la noblesse médiévale. Jacques Paviot, Jacques Verger. Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge. Mélanges en l'honneur de Philippe Contamine, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, pp.533-545, 2000. ⟨halshs-00290037⟩
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