Quand enregistrer, c’est créer. La transformation des registres féodaux des évêques de Wurtzbourg aux XIVe et XVe siècles - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2018

Quand enregistrer, c’est créer. La transformation des registres féodaux des évêques de Wurtzbourg aux XIVe et XVe siècles

Résumé

Après avoir mis en perspective l’étude de l’enregistrement (Registerwesen, voire Amtsbuchwesen) dans le vaste ensemble de travaux menés outre-Rhin sur la pragmatische Schriftlichkeit (littéralement « scripturalité pragmatique »), et après avoir notamment présenté la place très particulière des registres féodaux dans cet ensemble, on se penche plus précisément sur la série des registres féodaux des évêques de Wurtzbourg (en Franconie), qui présentent au moins trois caractéristiques remarquables. Il s’agit d’une part des plus anciens registres féodaux stricto sensu conservés dans l’Empire (à partir de 1303, et de manière continue). D’autre part ils présentent clairement une évolution (connue par ailleurs) qui fait passer de l’inscription d’une série de notices à la copie in extenso de lettres de fief. Enfin ils font apparaître une transformation profonde, vers 1400, dans l’organisation interne des registres : d’un enregistrement fondamentalement chronologique (à mesure de la comparution des vassaux), on passe à un enregistrement « catégoriel » (par type social de vassaux). Prendre au sérieux les effets sociaux des pratiques scripturales conduit alors à donner un sens fort à ces transformations. L’établissement progressif de séries de registres n’apparaît ainsi pas seulement comme un mode de rationalisation de la mémoire destiné à améliorer le contrôle social des dominants (selon une perspective moderniste dont on montre la faiblesse), mais aussi comme une contribution spécifique à l’établissement durable d’une spatialité du pouvoir : non seulement la définition d’un « centre » mais aussi d’un ensemble de lieux dominés, directement ou indirectement, à partir de ce pôle, c’est-à-dire un ensemble de lieux où le pouvoir est censé être présent. C’est en cela que l’ensemble des registres dessine, avec l’inertie propre à la durée des codices, une « géographie » du pouvoir, non pas sous une forme cartographique, ni même sous la forme d’une liste homogène de lieux, mais comme la « re-présentation » ubiquitaire (et durable) d’un pouvoir dont le lieu de présence effective (ou réelle) définit le centre. En cela, les registres en question fonctionnent comme des opérateurs spatio-temporels du pouvoir princier.
Fichier principal
Vignette du fichier
Morsel (Registres féodaux) 2018.pdf (2.64 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...

Dates et versions

halshs-02530130 , version 1 (02-04-2020)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : halshs-02530130 , version 1

Citer

Joseph Morsel. Quand enregistrer, c’est créer. La transformation des registres féodaux des évêques de Wurtzbourg aux XIVe et XVe siècles. L'art médiéval du registre (XIIIe-XVIe siècle). Les registres princiers du Moyen Âge, Olivier GUYOTJEANNIN, École nationale des Chartes, May 2011, Paris, France. p. 377-420. ⟨halshs-02530130⟩
70 Consultations
66 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More